Lieu collectif menacé de vente : on reprend ?

[On relaie un appel d’ami.es, n’hésite pas à le partager ! ]

Ce message s’adresse à toutes les personnes sensibles aux questions autogestionnaires, féministes, queer, d’écologie anticapitaliste qui trouvent du sens dans l’habitat et l’organisation collective en zone rurale. La ferme sur laquelle nous habitons en bord d’estuaire de la Loire est menacée de vente. Nous proposons d’ouvrir le lieu pour sa survie et sa pérennisation et d’imaginer ensemble le rachat si l’énergie le permet ! Il s’ouvrirait tout particulièrement aux personnes non mec-cis.

Nous proposons à toutes les personnes qui voudraient s’engager dans la reprise du lieu ou la soutenir à le rejoindre à la rentrée à partir de septembre 2023 et/ou à prendre contact avec nous !

Nous récoltons aussi avec plaisir des sous pour financer le rachat du lieu. Alors tu peux participer à ce rachat via la cagnotte en ligne et laisser ton mail pour suivre les avancées !

Plusieurs semaines de rencontres dédiées à la reprise et à l’avenir collectif et politique du lieu sont prévues pour septembre et novembre :
En septembre
du 11 au 16 et du 25 au 30 pour une première rencontre
En novembre du 13 au 25 pour approfondir.
En dehors de ces dates, on verra au cas par cas!

Si tu veux passer lors de ces semaines, si tu veux rejoindre la liste d’info ou si tu as des questions écris-nous avec plaisir à la_heronniere@retzien.fr ! Et si tu veux participer ou relayer la cagnotte c’est par ici !

Et n’hésite pas à partager ce message !

Ci-dessous notre appel complet

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Un lieu collectif varié et variable qui nous a aussi construit

Nous vous écrivons depuis un petit lieu collectif en bord de Loire sur son estuaire. Depuis 2 ans nous habitons une partie de la ferme d’un ami paysan (éleveur de vaches à viande) engagé historiquement dans les luttes locales contre un projet de centrale nucléaire et puis contre un projet industriel d’énergies vertes à quelques centaines de mètres de là : l’île du Carnet.

Pendant ces 2 années, nous et avec d’autres avons tenté de monter de toutes pièces un lieu collectif confortable et accueillant en face de notre chère île du Carnet et non loin des monstres du Grand Port de Nantes Saint-Nazaire (Total, Yara, Cargill, Airbus etc). Ce lieu a évolué selon nos besoins et nos dynamiques avec toutes les personnes de passages de réseaux variés. Il a vu apparaitre des petites constructions de récup, une maison terre paille bouse, des deter cantine collectives ou blocages-manif, maraîchage, four à pain, mais aussi des réflexions sur la structuration de la vie collective, le soutien aux paysans.nes du coin, le soin aux personnes aux choses et au lieu, le lien avec les gens, collectifs et assos du coin, les réflexions antiautoritaires, kurdes, féministes, queer, antispé…

Ce lieu a été longtemps en chantier (et il l’est encore), dans les aspects matériels comme relationnels, les oppressions et les conflits s’y sont rejoués comme partout ailleurs, et son évolution se fait au gré des personnes qui y investissent leur temps et leur énergie.

Ce printemps 2023, nous avons eu la nouvelle que le lieu doit être racheté pour survivre. La famille du paysan vend ses parts (mais le paysan reste en activité encore 2 ans). Nous sommes dans une position ambiguë : en acheteur.reuses prioritaires et aussi les moins pourvues ou plutôt les plus fébriles sur nos bases. On s’explique :

Cette vie collective foisonnante et évolutive était bien confortable pour nous : nos caravanes, notre maison collective, un bel espace de vie, pour quelques rares coups de main au paysan. Une base de vie commune faite de récup’, de chantiers collectifs et de nos activités persos.

Nous avions pris des habitudes qui ne facilitent pas l’engagement: comment s’engager à rester dans un lieu évolutif qui assumerait son instabilité parce qu’hérité d’une ZAD, construit sur l’imaginaire d’un lieu impersonnel et appropriable par toustes ? Nous héritons d’une absence de collectif clairement identifié, mais plutôt d’un vaste réseau de personnes gravitant plus ou moins proche du lieu.

Nous pensons que ce temps privilégié d’expériences collectives sans contrainte ni engagement est fini et que le lieu doit se structurer pour porter ce projet militant sur le long terme et rester un lieu rêveur où chacun.e se sent à l’aise et épanouie d’où qu’iel vienne et quel que soit son vécu.

Ce lieu peut se transformer pour revivre

Nous voulons que le lieu reste un endroit de convergence militante, d’accueil de collectifs, serve de base infrastructurelle à de nombreux projets (forge, boulange, maraîch’ et autres paysanneries, projections, événements, orga politique, créations artistiques, constructions insolites …). Nous considérons ce lieu comme un petit point précieux d’un maillage militant beaucoup plus vaste.

En faisant vivre ce lieu nous cherchons l’émancipation et le réempouvoirement de nos collectifs, des personnes qui le composent ou de mouvements extérieurs avec qui on s’organise.

Nous voulons éviter d’entrer dans des formes de propriétés individuelles (SCI, GAEC, …), et privilégier un achat collectif sous forme associative (propriété d’usage). Cette forme de rachat permet d’accéder à l’usage des lieux sans condition financière d’entrée.

Le rachat pose de nouvelles réalités :

  • nous devons sortir environ 200 000 euros pour racheter le lieu (nous en avons actuellement la moitié). Il en découlera forcément des formes d’engagement : remboursement d’emprunts si besoin, ou simplement pour honorer des dons.
  • décider d’investir le lieu et ses 15 hectares revient à décider d’entretenir des éventuelles activités paysannes (de la terre, de la construction…) mais aussi des relations de confiance, des complicités politiques solides avec des personnes ou des mouvements locaux, et à s’inscrire dans l’héritage culturel et politique local.
  • racheter est aussi un engagement auprès des personnes qui ont habité le lieu depuis des générations, et qui en ont assuré l’ouverture aux luttes locales.

Faire vivre ce projet sur le long terme avec ces contraintes demande une bonne dose de structuration, d’organisation et d’engagement. Aujourd’hui nous sommes trop peu nombreux.ses pour assumer cette reprise, un peu épuisé.es, et en grand besoin de relai, de soutien, et de nouvelles énergies motrices.

Lieu précieux et unique

Le lieu est unique et précieux par son histoire et son emplacement en bord d’estuaire (dernière fenêtre sur l’estuaire, à 5 min des bras de la Loire), en face de l’île du Carnet, territoire convoité par les industriels et capitalistes de Nantes à Paris : 2 projets portés par le plus haut de l’Etat en 40 ans. Il est plus que probable qu’un nouveau projet apparaisse dans les prochaines années. C’est aussi un lieu où nos critiques anticapitalistes prennent un sens concret avec nos pires ennemis multinationales Total, Cargill, Airbus, Yara, EDF… à quelques coups de pagaie (et visibles depuis la douche).

Sur place nous habitons en habitat léger autour des espaces collectifs dont la maison chauffée l’hiver. Nous cultivons quelques légumes et faisons de la recup. Nous sommes en lien proche avec 3-4 fermes maraichères du coin, et d’autres voisin.es chou/chaud patate comme des anciens.nes soutiens du Carnet et le café du coin : Le Café de la Loire ! Nous sommes aussi en complicité avec des collectifs et assos de Chauvé, St-Nazaire, Nantes.

Ce lieu c’est aussi une grande ferme avec ses granges et hangars (à retaper), une petite vallée aux chênes et frênes centenaires dans ce territoire qui reste très bocager au bord de zones humides encore bien habitées. C’est un lieu de passage de grand migrateurs.rices. On ne dira pas trop fort que la ferme a un certain côté post-apocalyptique avec ses épaves agricoles et parsemé de déchets de toutes sortes et de tous âges. Les oiseaux de passages n’ont pas toujours été soigneux. Enfin, sur le lieu on compose aussi avec le fils du paysan et ses potes qui vivent à côté, et avec qui on souhaite partager l’usage du lieu. Iels sont partie prenante du projet de reprise. 

Si on vous écrit, c’est que nous sommes convaincu.es que le lieu peut évoluer, dans son contenu, ses personnes ou ses positionnements. Nous rêvons qu’il se transforme et prenne une nouvelle image mais on pense que ça ne pourra pas se faire uniquement avec notre petit groupe de personnes.

Que faire ?

Le lieu a besoin de nouvelles personnes pour porter cette reprise !

On s’adresse donc à toutes les personnes qui ont pu se sentir attaché.es à ce lieu mais aussi à toustes celles et ceux qui n’y ont jamais mis les pieds, comme dans aucun autre collectif ou lieu du même style. Nous pourrons prendre le temps de nous rencontrer et envisager la suite ensemble.

Nous serons particulièrement accueillants.es pour les personnes à qui nous avons envie de plus partager notre énergie : les personnes concernées par des oppressions systémiques et particulièrement les personnes sexisées.

Le lieu ouvre grand ses portes pour un appel d’air chaud et effusif à partir de la rentrée. Nous organisons plusieurs semaines de rencontres dédiées à la reprise et à l’avenir collectif et politique du lieu !

En septembredu 11 au 16 et du 25 au 30 pour une première rencontre
En novembre du 13 au 25 pour approfondir 

Si tu veux passer lors de ces semaines, ou si tu as des questions tu peux nous écrire à la_heronniere@retzien.fr

Il sera possible de poser ta tente, ton camion et ta caravane bien sûr pour les périodes concernées . N’hésite pas à nous prévenir de tes besoins d’espaces ou quoi que ce soit que nous pourrions anticiper. Il y a des toutous sur la ferme, alors n’hésite pas à nous dire si tu vis avec un toutou ou un.e autre ami.e du quotidien. On t’enverra les infos pratiques par mail !

Nous récoltons aussi les soutiens financiers !

Nous allons également avoir besoin de rassembler beaucoup d’argent pour racheter le lieu et le communaliser : nous devons atteindre 200 000 euros. Alors chacun.e qui veut soutenir et s’inscrire dans cette initiative peut le faire via la cagnotte en ligne !

Tu peux aussi nous écrire pour toute question, remarque ou proposition. Nous te lirons avec plaisir !

Écris-nous pour rejoindre la liste mail d’info

Merci de nous avoir lu.es 🙂 N’hésite pas à partager le texte et/ou à en parler à tes ami.es ou proches plus éloigné.es !

Des bises du bout du bec

Les hérons de l’estuaire

LIENS : https://www.cotizup.com/reprise-de-terre
CONTACT : la_heronniere@retzien.fr